La lecture du journal intime d’Imre Kertész (Journal de galère), éclaire à plus d’un titre son oeuvre romanesque, notamment la trilogie auto-fictionnelle qui l’a rendu célèbre (Être sans destin, Le refus, Kaddisch pour un enfant qui ne naîtra pas). Il y conceptualise notamment ce qu’il désigne comme étant la «narration atonale», propre à la description d’une vie humaine qui n’est plus celle d’un sujet, ni même celle d’un objet, mais uniquement celle d’un élément d’une structure. La notion de structure, selon Kertész, rapproche l’écriture romanesque (la sienne) et la composition musicale atonale. C’est aussi la structure qui fixe une autre trilogie, sous-jacente et très intime, celle du père, de l’internat et d’Auschwitz. Et ainsi, seule sans doute la musique a pu ramener Kertész à lui-même, la musique allemande.