L’essai compare les deux drames de Hugo qui jouent en Allemagne. Leurs personnages principaux sont des princes régnants: 1o l’empereur Barberousse comme revenant après l’Interrègne vers 1250, et son frère ennemi le comte du Rhin Job avec trois générations suivants dans un drame romantique d’après-guerre (1842) et 2o la Grande-Duchesse de Bayreuth, „Grand’Mère“ sensible et intelligente qui regagne pour elle son fils héritier Charles par ses deux petits-enfants qui sont aimés aussi bien par la Grand’Mère grand-ducale que par leurs parents. La duchesse accepte même la femme Emma Gemma, mère des petits du fils qui est de condition inférieure. Elle rappelle quels sont les inconvénients qu’ils ont à endurer dans la vie simple que les parents veulent leur octroyer. On doit admirer l’auteur émigré vivant à la campagne avec son image de grande famille unie qui préfigure la façon de voir de Thomas Mann dans „Altesse royale“. — Les vieux des „Burgraves“ prêchent et réalisent une nouvelle morale qui permet de nouveau les jeunes amours contre les souvenirs des vieilles crimes. C’est le renouveau de la morale ancienne qui finit une époque de brutalité, d’homicides comme — en parallèle — de jouissance égoïste pleine d’ivresse du pouvoir. Le Barberousse mythique ressemble un peu à Napoléon Ier qui venait (en 1840) d’être mis aux Invalides, mais revenant après la guerre Barberousse représente surtout une forme idéale de gouvernement juste et humain ce que le début du drame ne fait point attendre. Les impressions des châteaux forts du Rhin que Hugo a retenu dans un livre de voyage fameux sont humanisées par une démonstration de renversement du mal et un renouveau d’une morale civile attachée visiblement au monde des villes et du commerce. — Historiquement la petite comédie du ‚Théâtre en Liberté“ est finie au moment des guerres de Bismarck qui précèdent la réunification de l’Allemagne. La comédie d’Hugo ressemble comme une sorte de souvenir à un pays idyllique de petits souverains innocents parmi lesquels il y a même des femmes. On est au beau commencement de l’époque du réalisme bourgeois en Europe avec son estimation du monde et des valeurs familiales quoique l’auteur lui-même se trouve sous Napoléon III à l’exil britannique et doit vivre des moments tragiques dans sa famille. Jouée en 1898 pour la première fois la petite comédie semble faire ressouvenir surtout des moments de très bonne entente franco-allemande et européenne. — Dans les deux drames on trouve un emploi de l’histoire et de la politique du temps de Victor Hugo multicolore, mais en regardant les deux pièces — leurs idées et l’ambiance qui les forme — il se montre surtout partisan décidé de l’idée d’une Europe unie et d’une paix universelle. — Les personnages de ces drames peuvent être trouvés peints par une certaine intuition poétique et même prophétique qui peut animer le lecteur actuel à des comparaisons bien diverses. — Pour moi personnellement l’étude fut souvenir de mes études parisiennes chez Charles Dédeyan en 1952. Je me suis permis de mettre mon texte en allemand même dans les citations. Le grand poète Victor Hugo perd par cela mais ce sont peut-être l’Européen et ces idées qui gagnent dans un texte plus homogène que poétique.