Denis Roche a commencé par inscrire son activité créatrice dans le cadre de la littérature, et, plus spécifiquement, dans cette branche de la littérature qui était la plus marquée par des déterminations génériques traditionnelles: la poésie. En dépit de toutes les audaces d'écriture, disons depuis Rimbaud ou Lautréamont ou Mallarmé, la convention poétique avait été maintenue, métriques et rhétoriques continuaient globalement à donner leurs formes aux différentes écritures aussi novatrices fussent-elles au regard de la tradition. Tout l’effort de Denis Roche est alors de tenter de montrer que ces formes de composition sont éculées et que la poésie, ne se soutenant que de ces conventions, n'existe pas. A ce niveau d'analyse, on peut dire que son écriture est parodique: elle exhibe la convention et en accentue l'arbitraire. Le procédé général est le suivant: le texte est disposé en lignes de vers, qui à vue d'oeil simulent l'alexandrin, mais ne sont pas comptées; la prose incluse dans ces « vers » a toutes les caractéristiques du style élevé, mais d'un groupe de mots à l'autre, sont opérées de telles décontextualisations, qu'il n'est possible de restituer aucun sens. Tel est donc le geste polémique. Il s'inscrit dans la logique de l'art moderne. Le problème reste de savoir s'il constitue à proprement parler une démonstration et pour qui, dans un contexte où cette logique semble s'être enlisée.