Dans les romans La Fin des temps (1985) d’Haruki Murakami et La Cité des permutants (1994) de Greg Egan, il faut lire la jonction de l’homme à la machine numérique comme une figuration exemplaire des bouleversements anthropologiques que les nouvelles technologies, intégrées à la diégèse, engagent dans les représentations littéraires de l’humain. En effet, posée dans un cadre scientifique et donc rationnel, qui écarte d’emblée tout principe explicatif merveilleux ou fantastique, une telle jonction implique un repositionnement de l’être humain au regard de la duplicité, désormais pensée entre deux mondes distincts – la sphère matérielle et la sphère virtuelle –, et au regard de l’éternité, qui se construit comme un possible selon le rapport particulier du virtuel à la matière. Ultimement, cette jonction de l’homme à la machine doit donc s’interpréter comme le dessin par le récit des nouvelles technologies d’une redéfinition des horizons de l’humanité, qui la fait accéder à un au-delà d’elle-même.