L’intérêt de Claudel pour la préservation du monde naturel, qui s’exprime dans un texte intitulé « Le Sauvetage d’un continent » (1937), s’inscrit dans un cadre plus vaste des réflexions sur des relations transnationales qui, à partir du séjour de Claudel à Washington, touchent non seulement la médiation culturelle mais aussi font preuve d’une prise de conscience grandissante des rapports de la nature et de l’humanité. Le texte de 1937 met bien en évidence des valeurs tendant au respect de la nature et à la protection de l’environnement. De même, au cours de la décennie précédente, de différentes modalités d’interaction des humains avec leur habitat se perçoivent dans des textes en prose — notamment dans « La Légende de Prâkriti » (1933), où tout lieu d’habitation renvoie à l’œuvre du Créateur— mais aussi dans la « Préface » à Quelques planches du bestiaire spirituel (1948), dans « Le jardin aride » (1934), ainsi que dans quelques poèmes. S’agit-il d’une vision écologiste ? Quelle éthique de la terre se construit, et quelle image de la vie quotidienne se tisse? Quelle en est la part de l’engagement théologique ? Cet article propose de dresser des rapports du lieu et des activités humaines sans pour autant les réduire à une figure de relations culturelles. Puis, devant l’ouverture à de multiples composantes d’un écologisme, il met en exergue l’écriture claudélienne comme acte éco-critique.