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Emese Egedi-Kovács Centre Byzantium, Eötvös József Collegium (ELTE), Budapest, Hungary

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https://orcid.org/0000-0002-2478-7464
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Abstract

The manuscript Iviron 463 contains the Greek version of the Barlaam and Joasaph Romance. Apart from the beautiful miniatures in the codex, it is also special because of a complete, heretofore not transcribed Old French translation running through the margin of the manuscript. The uncommon bilingual manuscript is of significant importance not only from the perspective of Old French philology but also from the perspective of linguistic and literary interactions between cultures. This paper examines the circumstances of the creation of the manuscript and the questions related to the commissioner in more detail.

Abstract

The manuscript Iviron 463 contains the Greek version of the Barlaam and Joasaph Romance. Apart from the beautiful miniatures in the codex, it is also special because of a complete, heretofore not transcribed Old French translation running through the margin of the manuscript. The uncommon bilingual manuscript is of significant importance not only from the perspective of Old French philology but also from the perspective of linguistic and literary interactions between cultures. This paper examines the circumstances of the creation of the manuscript and the questions related to the commissioner in more detail.

Le texte principal du manuscrit Iviron 463 (Lambros 4583) – probablement préparé à la fin du XIe siècle à Constantinople et conservé sur le Mont Athos – présente une version abrégée en grec du roman hagiographique de Barlaam et Joasaph. Outre les splendides miniatures qu’il contient, le caractère exceptionnel du manuscrit vient du fait que ses marges sont entièrement remplies d’une ancienne traduction française restée, à l’exception de quelques fragments,1 inédite. C’est cette lacune que j’envisage de combler par l’établissement d’une édition critique.2 Dans la présente étude, je me propose de présenter d’une part quelques résultats intéressants issus des recherches que j’ai menées sur ce manuscrit bilingue peu commun qui est d’une importance significative non seulement du point de vue de la philologie de l’ancien français, mais aussi du point de vue des interactions linguistiques et littéraires entre les différentes cultures, et d’examiner d’autre part les possibles circonstances de sa création.

Bien qu’aucune date ne figure sur ce document exceptionnel, et que nous ne disposions d’aucune source écrite contemporaine pouvant nous fournir des données plus précises sur la genèse du manuscrit grec complété par l’écriture française marginale, des informations précieuses peuvent être obtenues par l’application de méthodes issues de divers domaines scientifiques, tels que la philologie, la linguistique, la dialectologie, la lexicographie, la paléographie, la codicologie ou l’iconographie. En effet, l’analyse complexe du manuscrit que j’ai exécutée a ouvert des horizons complètement nouveaux dans la recherche par rapport aux hypothèses précédentes, concernant à la fois la datation du texte en ancien français et le contexte historique de sa préparation.

En ce qui concerne la datation du codex lui-même, plusieurs théories en ont vu le jour allant du XIIe au XIVe siècle.3 Cependant les recherches menées par Francesco d’Aiuto ont prouvé que le manuscrit fut sans doute copié vers le dernier quart du XIe siècle (vers 1075) dans le monastère Lophadion à Constantinople.4 D’Aiuto propose d’identifier le copiste du codex à un certain Constantin,5 auquel on devrait également deux autres manuscrits enluminés qui nous sont parvenus.6 Quant au texte en ancien français, Paul Meyer l’a daté dans son étude de 1866 au commencement du XIIIe siècle. Selon lui, on doit cette traduction à l’un de ceux qui accompagnèrent Boniface II, marquis de Montferrat, dans la Grèce et à Salonique lors de la 4e croisade.7 Néanmoins, étant donné que l’éminent savant n’a pu voir que quelques fragments du texte, il a sans doute fondé son hypothèse avant tout sur des faits historiques,8 tout comme les quelques études ultérieures proposant de nouvelles théories concernant l’écriture française du manuscrit d’Iviron, toutes basées sur la datation proposée par Meyer, sans que leurs auteurs aient pu connaître les traits caractéristiques et le texte intégral du codex.9 Or, transcrivant les textes du manuscrit (le texte grec et sa traduction en ancien français), et comparant les leçons uniques de l’original grec avec leurs versions françaises, j’ai pu déceler des éléments philologiques fort intéressants qui ont jeté une lumière nouvelle sur les circonstances de l’exécution de la traduction française. En parallèle, j’ai soumis le manuscrit à une analyse complexe. Les examens paléographique, codicologique et iconographique du codex m’ont conduite au même résultat que l’analyse philologique : l’écriture marginale a pu être exécutée à la même époque que le codex grec ou peu après.

Étant donné que la traduction marginale nous est parvenue dans un état fort fragmentaire à cause du rognage du manuscrit, il ne semblait possible de la rétablir qu’à l’aide de l’original grec. La transcription de ce dernier ainsi que sa collation avec les autres variantes étaient donc importantes, sinon indispensables du point de vue du déchiffrage et du rétablissement de l’écriture française. Sur le stemma établi par Robert Volk dans son édition critique du roman grec de Barlaam et Joasaph,10 le codex Iviron 463, constituant une branche indépendante, appartient à la famille e (celle qui rassemble les manuscrits contenant une version abrégée du roman hagiographique). En principe, on peut affirmer que le texte du codex d’Iviron s’accorde presque entièrement avec les versions des manuscrits X, Y et Z. Toutefois, on peut y trouver des leçons qui n’apparaissent ni dans ces derniers ni dans aucun autre manuscrit recensé et qui peuvent donc être considérées comme uniques.11 Or, ayant comparé les leçons uniques du texte grec avec les passages correspondants de la traduction en ancien français, j’ai pu faire les constatations suivantes : malgré l’opinion générale, il est manifeste que ce n’est pas en lisant le texte grec du manuscrit d’Iviron que le traducteur français a exécuté sa traduction. S’il n’avait consulté que le texte de ce codex, il n’aurait pas pu « corriger » les fautes commises par le copiste grec. De ce point de vue, il est surtout intéressant de voir les leçons qui, bien qu’absentes du texte principal du codex d’Iviron, figurent dans la traduction marginale. Néanmoins, étant donné que les leçons uniquement proposées par ce seul codex (et donc absentes des manuscrits parvenus jusqu’à nous) apparaissent toutes sans exception dans la traduction, il ne serait pas vraisemblable de supposer que celle-ci ait été faite à partir d’une version complètement différente. Selon moi, un autre manuscrit aujourd’hui perdu devait exister à l’époque, que le copiste grec et le traducteur français auraient tous deux utilisé, ce qui servirait d’explication aux phénomènes philologiques cités plus haut.12

Le texte français est soigné et bien construit, composé de phrases complètes. Je suppose que l’auteur a travaillé en deux étapes : ayant exécuté la traduction française sur un support distinct, il l’aurait ensuite copiée dans les marges du codex, ce qui peut expliquer l’écriture propre et fluide. En même temps, quelques corrections mineures suggèrent que le texte a peut-être été copié dans les marges par le traducteur lui-même, qui devait être suffisamment compétent pour remarquer et corriger les fautes, ainsi que pour perfectionner le texte d’un point de vue stylistique. Il est également important de prendre en compte la mise en page du manuscrit : en effet, bien que les phénomènes philologiques évoqués nous amènent à croire que la traduction en ancien français a été exécutée peu après la copie du texte grec, l’emplacement des écrits suggère que les deux processus n’ont pas été entamés au même moment. Sans doute le codex n’a-t-il pas été conçu à l’origine pour être bilingue, car, dans ce cas, la traduction n’aurait pas été copiée dans la marge, mais dans une colonne séparée à côté du texte grec ou sur une page séparée. En revanche, le positionnement des différentes couches, qui semble parfois fort étrange et inattendu, notamment pour ce qui est des majuscules grecques à l’encre dorée apparaissant au-dessus du texte français à plusieurs endroits,13 laisse à penser que les deux processus ont été menés, du moins en partie, parallèlement.

En ce qui concerne le texte en ancien français, des traits dialectaux et des phénomènes linguistiques intéressants (des hapax, des formes verbales archaïques) ont également fourni des données précieuses : d’une part, les traits dialectaux permettent de conclure que le traducteur/copiste français a pu être d’origine normande, d’autre part, sur la base de certains phénomènes linguistiques (hapax), on peut supposer que la personne était peut-être un Normand de l’Italie du sud/ou de Sicile. En même temps, j’ai décelé des traces archaïques dans ce texte inédit : des résidus du plus-que-parfait latin, une forme verbale qui n’apparaît que dans les plus anciens textes français.14 Ces traits semblent également soutenir la possibilité d’une datation précoce. De même, des phénomènes intéressants apparaissent concernant la graphie des noms propres. Dans la traduction presque impeccable, un mot grec relativement courant est interprété à tort comme un nom propre : le traducteur mentionne l’adverbe grec ἀμέλει (qui signifie ‘certainement’/’sans aucun doute’) comme le nom d’un des personnages de l’histoire (Amelei/Amelis).15 On retrouve cette leçon erronée à quatre endroits du texte, dans trois cas l’erreur est manifeste (ff. 15r, 112v, 117v),16 dans un cas (fol. 111r)17 elle n’est que probable, puisque le début du mot a été perdu. En même temps, il est intéressant de noter que les mots formés à partir de la même racine18 apparaissent correctement dans la traduction.19 Même s’il ne s’agit probablement que d’une erreur de traduction, l’insertion du nom propre en question peut être révélatrice. En effet, bien qu’aucun prénom masculin ne soit attesté dans cette forme en français, nous rencontrons dans les documents bilingues (latin-grec) contemporains de Sicile un certain Amelinus/Hamelinus, propriétaire terrien d’origine normande de l’Italie du sud (le nom Amelinus/Hamelinus semble être la version latine du nom Amelei/Amelis). Or, comme je l’ai remarqué plus haut, le traducteur/copiste était très probablement lui-même d’origine normande de l’Italie du Sud.

En effet, dans le cas des textes médiévaux, l’analyse des noms de lieux et de personnes mérite une attention particulière, car dans de nombreux cas, en raison du manque de « preuves » écrites ou physiques, ils peuvent constituer les seules sources de données sur les conditions culturelles et sociales de l’époque. Les auteurs des textes vernaculaires adaptaient souvent les noms propres (surtout ceux qui était inhabituels) à leur propre environnement culturel ou les transformaient en noms parlants. Dans la traduction française du manuscrit d’Iviron aussi on trouve des noms propres étranges dont la forme diffère du nom original. Par exemple, dans un passage du récit qui touche à des sujets concernant l’astronomie, le traducteur a probablement ajusté intentionnellement le nom grec Arachis (Ἀραχής) – qui est par ailleurs également un hapax – au nom d’un personnage bien connu de l’époque : le nom français Arachel pourrait se référer à Abū Ishāq Ibrāhīm al-Zarqālī – un astronome, astrologue, mathématicien de Tolède – qui était connu sous les variantes en langues vernaculaires de son nom en Europe (esp. : Azarquiel, fr. : Azarchel, angl. : Arzachel).20

Dans mes recherches précédentes, j’ai également mis en lumière une caractéristique intéressante du texte français du codex d’Iviron, à savoir que, contrairement au texte grec, il comprenait également des phrases écrites à l’encre rouge qui semblaient être des légendes.21 L’analyse des rubriques et des miniatures a conduit à un résultat similaire à celui de l’examen philologique mentionné. Les phénomènes révélés lors de cette analyse suggèrent que le scribe grec et le traducteur français ont pu travailler avec un document source commun, et que ce manuscrit peut avoir inclus des images et même des légendes rattachées à celles-ci. Il est donc probable que l’insertion des titres rubriqués n’était pas « l’innovation » du traducteur français. L’auteur anonyme a peut-être traduit le texte du roman ainsi que les légendes en se fondant sur un modèle grec. La restauration des fragments des titres rubriqués était encore plus difficile que celle des autres parties de la traduction, car il n’y avait aucun indice écrit qui aurait été utile, dans la mesure où les phrases ne sont pas présentes dans le texte original. Pour la restauration des titres fragmentaires, des indices supplémentaires ont été fournis par les légendes d’autres manuscrits du roman de Barlaam, qui présentaient, dans de nombreux cas, des parallèles intéressants avec les titres français.

Hypothèse sur la commande du manuscrit bilingue

J’ai précédemment formulé quelques hypothèses concernant les circonstances de la commande de la traduction française.22 Toutefois, j’ai souligné que celle concernant la princesse normande semblait la plus probable, notamment du fait qu’elle coïncidait exactement avec la datation du codex proposée par D’Aiuto (vers 1075). En outre, l’analyse iconographique récemment faite par Marina Toumpouri, ainsi que son hypothèse concernant le commanditaire du manuscrit grec (selon laquelle le manuscrit pourrait avoir été commandé par un membre de la famille impériale),23 a complété mes présomptions avec des éléments supplémentaires intéressants. Si nous acceptons la datation précoce de la traduction en ancien français, à savoir qu’elle a été exécutée en même temps ou peu après la préparation du codex lui-même, un contexte historique intéressant émerge, lié aux circonstances possibles de la commande du manuscrit bilingue. Étant donné que le codex a probablement été préparé vers 1075, sous le règne de Michel VII Doukas, il est possible que l’empereur lui-même ait commandé le manuscrit pour son fils, le prince Constantin, né au début de l’an 1074. Les caractéristiques codicologiques du codex permettent également de soutenir cette idée. Le manuscrit était petit, il pouvait donc tenir facilement dans la main d’un enfant (mais pas si petit qu’on puisse supposer qu’il aurait été fait comme un « livre de poche » destiné au voyage). Le format du manuscrit, richement orné de miniatures, est aussi révélateur : les miniatures colorées représentant les épisodes et les scènes comme une bande dessinée – apparemment l’illustrateur a essayé de peindre l’intrigue du roman de la manière la plus détaillée et réaliste possible – auraient pu être utiles pour un enfant qui ne savait ni lire ni écrire. Enfant à l’occasion de son couronnement en tant que co-empereur, Michel VII lui-même reçut très probablement un livre précieux de son père, l’empereur Constantin X.24 L’histoire, qui est elle-même une sorte de « miroir royal »,25 aurait pu servir de guide à l’enfant héritier du trône : le récit illustre le développement spirituel d’un futur souverain, le prince Josaphat, et son attitude envers le pouvoir et la religion. Notons aussi qu’à la suggestion de Marie d’Alanie, mère du prince porphyrogénète, Théophylacte Héphaistos (qui était le tuteur de Constantin à l’époque) écrivit un « Miroir des princes » (Παιδεία βασιλικὴ πρὸς τὸν πορφυρογέννητον Κωνσταντῖνον [Institutio Regia]). L’ouvrage visait à préparer le jeune prince à la haute fonction qu’il n’atteignit finalement jamais.26

Selon mon hypothèse, le manuscrit était initialement destiné à l’héritier du trône né au début de 1074. Cependant, quelques mois plus tard, après que les fiançailles ont eu lieu entre le prince porphyrogénète et la fille de Robert Guiscard, la cour impériale aurait modifié la commande : on aurait alors décidé de faire compléter le manuscrit grec en cours de préparation (ou déjà tout prêt) par une traduction française. Dès le début des années 1070, afin de remédier à la situation tendue entre Byzance et son adversaire le plus inquiétant, les Normands,27 des plans avaient été élaborés pour le mariage d’une des filles de Robert Guiscard avec le fils ou le frère de l’empereur byzantin.28 Au début de l’an 1074, le premier (et unique) fils de Michel VII, le prince Constantin, naissait. Dans la première moitié de la même année, des envoyés de Constantinople furent dépêchés auprès de Robert Guiscard pour demander l’une de ses filles comme épouse de l’héritier du trône byzantin. Au milieu de l’année 1074, des envoyés normands se rendirent à Constantinople pour conclure le contrat de mariage avec la pleine autorité de Robert Guiscard. Le contrat fut signé – sous forme d’un chrysobulle impérial – en août 1074,29 établissant que la princesse normande, Olympias,30 serait mariée au prince Constantin.31 En 1076, la jeune fille fut envoyée à Constantinople, où elle reçut un nom grec conformément à la coutume byzantine : les sources byzantines contemporaines la mentionnent comme Hélène.32 La combinaison des noms Constantin et Hélène (les noms du premier empereur chrétien et de sa mère) suggère que de grandes attentes étaient placées sur le couple d’enfants.33 L’importance de l’alliance est également indiquée par le nombre d’historiens contemporains qui l’ont rapportée,34 et par le fait que la même année, l’empereur Michel VII accorda une importante dotation supplémentaire à l’abbaye de Mont-Cassin, dont les moines servirent très certainement d’intermédiaires lors de ces contacts diplomatiques.35

Le codex illustré bilingue peut avoir été conçu comme un cadeau de fiançailles pour le « jeune couple » (en réalité des enfants).36 C’est peut-être ainsi que l’empereur byzantin a tenté de faire un geste pour gagner la bienveillance du souverain normand37: le livre aurait offert à la petite fille qui grandirait à Byzance l’occasion d’apprendre la langue de ses ancêtres.38 Les caractéristiques codicologiques du manuscrit suggèrent également que le processus de préparation peut avoir consisté en deux étapes. Comme je l’ai déjà souligné, le codex n’était certes pas initialement destiné à être bilingue, car dans ce cas, la traduction n’aurait probablement pas été copiée dans la marge, mais serait apparue dans une colonne séparée à côté du texte grec ou sur une page séparée. En même temps, cela peut servir d’explication au positionnement inattendu des différentes couches, notamment des majuscules grecques dorées qui apparaissent parfois au-dessus du texte français. Il est possible que les décorations en or, tant pour les miniatures que pour les majuscules, aient été peintes lors de la deuxième étape de la création du manuscrit, c’est-à-dire après que le livre illustré initialement destiné au petit prince a été transformé en un cadeau de fiançailles. (Les majuscules grecques dorées ont certainement été peintes après la reliure du codex : visiblement elles avaient tendance à tacher le folio placé en regard, produisant ce qu’on appelle en termes techniques une ‘décharge’.39) Étant donné que les manuscrits ornés d’or étaient considérés comme des objets de luxe à l’époque, ces ornements pouvaient augmenter encore plus la valeur du cadeau destiné aux jeunes fiancés.

Il est également à noter que dans une de ses lettres au souverain normand, Michel Doukas met l’accent sur l’unité de l’Église d’Orient et d’Occident à propos de l’alliance prévue.40 Le motif hagiographique de ce livre conçu comme un cadeau de mariage aurait également pu correspondre à cette idée. Le récit qui se déroule en Inde et en Éthiopie, c’est-à-dire en « territoire neutre », n’était étroitement lié ni à l’Orient ni à l’Occident41; toutefois, l’histoire édifiante des deux saints, riche en paraboles, devait transmettre au lecteur des valeurs chrétiennes universelles. Par ailleurs, le thème du mariage apparaît également dans l’intrigue : le roi Avennir envisage de marier son fils Josaphat avec une princesse.

Sur ce point, il me semble utile de jeter un coup d’œil sur la miniature du f. 28v du manuscrit d’Iviron. Toumpouri a attiré l’attention sur le fait que l’illustration en question n’apparaît dans aucun autre manuscrit de Barlaam qui nous soit parvenu.42 L’image représente la scène du Jugement dernier : la miniature est composée de trois tableaux disposés horizontalement qui montrent respectivement le Paradis, la Déisis (l’Intercession) et l’Enfer. Cependant, la composition traditionnelle de la scène centrale de la Déisis (le Christ assis sur un trône et tenant un livre en main, la Vierge Marie à sa droite, et saint Jean-Baptiste à sa gauche) est complétée par deux nouvelles figures : deux jeunes nobles vêtus de chlamyde (chlamys) attachée à l’épaule à l’aide d’une fibule et aux souliers de couleur pourpre.43 Der Nersessian crut reconnaître dans les deux jeunes hommes les saints soldats hautement respectés à Byzance : les saints Dimitrios et Georges, généralement représentés par les peintres byzantins imberbes et jeunes. Selon Der Nersessian, dans la scène de la Déisis du manuscrit d’Iviron, les deux saints militaires symbolisent les chœurs des martyrs et des autres justes qui, dans la représentation iconographique traditionnelle, se présentent devant le trône du Juge Suprême. Der Nersessian insiste sur le fait que les deux saints mentionnés étaient particulièrement respectés dans l’armée à laquelle Jean Tornikios, l’un des deux fondateurs du monastère d’Iviron, appartenait.44 (Der Nersessian supposait de surcroît que le manuscrit avait été confectionné dans le monastère d’Iviron au Mont-Athos où il est aujourd’hui conservé.) Toumpouri en revanche tente d’interpréter la composition inhabituelle de la miniature en examinant « les modalités du traitement illustratif du passage qui a nourri l’image ». En se basant sur la lecture du passage en question, elle finit par suggérer que la représentation des deux nobles richement vêtus « pourrait être considérée comme la matérialisation des deux situations évoquées par le texte : la richesse et le pouvoir ».45 Aussi souligne-t-elle que le manuscrit « a pu être réalisé pour un personnage susceptible d’être concerné par le message adressé par la composition inhabituelle du Jugement dernier ».46 Compte tenu de l’habillement des deux jeunes hommes représentés par la miniature (contrairement aux autres enluminures du manuscrit qui présentent des personnages vêtus à la mode orientale,47 ceux de la miniature du f. 28v portent l’habit typique de la cour impériale byzantine de l’époque, ainsi que des souliers de couleur pourpre réservés exclusivement aux membres de la famille impériale48) et des caractéristiques du codex (l’utilisation de l’or pour les initiales et les titres, qui devait considérablement augmenter le coût, indique un commanditaire important et fortuné49) Toumpouri conclut que le manuscrit a probablement été confectionné « pour un membre de la famille impériale ou de son entourage ».50

La miniature en question peut certainement fournir des informations précieuses sur le commanditaire/le possesseur du manuscrit, toutefois, à mon avis, dans un contexte différent de ceux supposés par Der Nersessian et par Toumpouri. Selon moi, parmi les deux personnages de la scène, celui de gauche représente en réalité le jeune héritier du trône. La seule représentation picturale connue qui montre le fils de Michel VII, le prince Constantin porphyrogénète, se trouve sur l’une des miniatures émaillées de la Sainte Couronne hongroise, sur la partie inférieure de celle-ci, dite « la couronne grecque » (corona graeca). Selon la datation acceptée, ces deux objets, la corona graeca et le codex Iviron 463, pourraient avoir été produits la même année, en 1075. Si nous comparons les deux représentations, la similitude est frappante : nous voyons un jeune homme imberbe dont les yeux, les sourcils caractéristiques, et les cheveux sont de couleur foncée, son nez est allongé, ses cheveux bouclés sont coupés au-dessous des oreilles. Dans les deux cas, il est vêtu d’une tunique bleue avec une chlamyde/un loros (corona graeca) rougeâtre (sur la miniature du codex Iviron, toute la tenue est visible : la tunique est longue, à manches longues, ornée d’une bande rougeâtre/brune autour de l’ourlet). Bien entendu, dans les deux cas, il ne peut s’agir que d’une représentation stylisée et idéalisée, car, à la date à laquelle ces deux objets pourraient avoir été fabriqués, vers 1075, le prince Constantin avait à peine un an.

Cependant, la figure de droite représentée sur la miniature du manuscrit d’Iviron mérite également d’être examinée de plus près, car, à mon avis, elle ressemble beaucoup plus à une jeune fille qu’à un jeune homme. Bien que les vêtements des deux personnages soient presque identiques (seuls la couleur et l’ajustement de la chlamyde diffèrent : la figure de droite, qui porte elle aussi des souliers de couleur pourpre, est vêtue d’une tunique bleue claire ornée d’une bande rougeâtre/brune, avec une chlamyde bleue foncée, attachée non à l’épaule droite mais gauche à l’aide d’une fibule) leur coiffure diffère considérablement : il semblerait que le personnage de droite porte une coiffure plutôt féminine.

À mon avis, la miniature du f. 28v montre le prince Constantin et sa fiancée, Olympias-Hélène, en tant que jeunes fiancés. Par ailleurs, la composition de l’image est similaire à la représentation des couples impériaux de l’époque : le Christ Pantocrator au milieu, l’empereur à sa droite, l’impératrice à sa gauche,51 sauf qu’ici il s’agit bien entendu d’une scène plus complexe, la Déisis, avec d’autres figures traditionnellement représentées. Le fait que la jeune fille porte également une chlamyde ne semble pas non plus surprenant : selon la coutume de la cour impériale byzantine, l’impératrice avait le droit de la porter.52 Or, dans son chrysobulle impérial de 1074 mentionné plus haut, Michel VII souligne qu’en tant que fiancée de son fils, la fille de Robert Guiscard recevrait le rang d’impératrice. Le fameux Ivoire dit « Romain » (Romanos ivory), conservé au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale de Paris, constitue un tel exemple de chlamyde portée par la fiancée d’un co-empereur : il représente le Christ couronnant le couple enfantin, Romain II et Eudocie53; le co-empereur, représenté imberbe, porte un loros, sa fiancée une chlamyde.54

En outre, je tiens à attirer l’attention sur un autre aspect intéressant, lié à la couronne grecque (corona graeca) de la Sainte Couronne hongroise. En ce qui concerne la corona graeca (supposée avoir été réalisée à Constantinople), des recherches ont montré qu’elle était probablement à l’origine une couronne féminine, qui pourrait avoir été envoyée en 1075 en Hongrie (les avis sont partagés sur la question du destinataire, certains estimant que la couronne était destinée par l’empereur Michel VII au roi Géza Ier, d’autres à sa femme d’origine byzantine).

Au dos de la couronne grecque, nous trouvons trois portraits : le prince Constantin porphyrogénète (à gauche), le roi hongrois Géza Ier (à droite) et Michel VII Doukas (au-dessus de ces deux derniers, formant un triangle), tous les trois représentés et nommés en grec sur des plaques d’émail. Cependant, plusieurs indices suggèrent qu’à l’origine, d’autres personnages que Géza Ier et Michel Doukas devaient y figurer. Dans le cas du portrait représentant Michel VII, cela est évident : la miniature, qui a été ultérieurement attachée avec des rivets sur la couronne, devait certainement remplacer une autre image. Selon les hypothèses, la cour impériale byzantine envoya en 1075 une couronne en Hongrie, préparée plus tôt, qu’on devait « actualiser » en remplaçant quelques-unes des images : c’est certainement à ce moment qu’on y plaça le portrait de Michel Doukas et celui de Géza Ier.55

Compte tenu des circonstances mentionnées plus haut, il n’est pas exclu, à mon avis, que la couronne envoyée en Hongrie ait été à l’origine destinée à la future impératrice, Olympias-Hélène. Selon mon hypothèse, la corona graeca, tout comme probablement le manuscrit bilingue illustré, a été fabriquée pour la princesse normande entre 1074 et 1075 et était destinée à lui être offerte lors de son arrivée dans son nouveau pays. Or, nous savons bien que la jeune fille n’est arrivée à Byzance qu’en 1076. Ainsi, en 1075, lorsque la cour impériale s’empressa d’offrir une couronne aux Hongrois, il aurait pu être évident de leur envoyer, avec de menus remaniements, une couronne précieuse préparée peu de temps auparavant. Par ailleurs, l’hypothèse que je propose place la question du choix des personnages représentés sur la corona graeca sous un tout nouveau jour : la problématique des éventuels échanges semble être simplifiée. Il est en effet vraisemblable de supposer que, si la couronne avait été faite à l’origine pour la princesse normande, à côté du portrait du prince Constantin, le portrait de sa fiancée, celui d’Olympias-Hélène, aurait été représenté. Si tel fut le cas, on dut enlever le portrait d’Hélène et le remplacer par celui de Géza Ier avant d’envoyer la couronne en cadeau aux Hongrois. Cela peut également expliquer le fait qu’il n’y ait pas de différence significative de style entre le portrait en émail de Géza Ier et les autres miniatures de la corona graeca : sans doute ce premier a-t-il été réalisé à peu près à la même époque et dans le même atelier d’orfèvrerie. En outre, si l’on tient compte de la manière habituelle de représenter les couples impériaux (à gauche l’empereur, à droite son épouse, et au milieu au-dessus d’eux le Christ) on ne peut pas exclure qu’à l’origine l’image du Pantocrator (/le Christ en majesté) figurait à la place du portrait de Michel Doukas, peut-être justement celle qui se trouve actuellement sur la partie arrière de la couronne. Dans ce cas, les orfèvres constantinapolitains n’avaient qu’à échanger ces deux miniatures : le portrait de l’empereur Michel VII et celui du Christ.56

Le mariage de la princesse normande et du prince porphyrogénète n’eut finalement pas lieu : en raison de son règne raté, Michel VII fut contraint de renoncer à son titre impérial en 1078. Son fils, Constantin, fut également privé de son titre d’héritier du trône et ses fiançailles avec Hélène (Olympias) furent rompues – le nouvel empereur, Nicéphore III Botaniatès, n’avait aucune intention d’autoriser le mariage –, et la fille de Guiscard n’était plus la future impératrice mais une prisonnière – en fait une otage – à Constantinople. Il est probable qu’elle fût expulsée du palais à cette époque.57 Selon Geoffroi Malaterra, elle était considérée comme une menace car si elle s’était remariée, son nouveau mari aurait pu revendiquer le trône.58 Quelques années plus tard, en 1081, au moment de son accession au pouvoir, Alexis Ier Comnène rétablit Constantin comme co-empereur, mais par la suite, en 1083, il fiança le jeune prince à sa propre fille (nouvelle-née), Anne Comnène, devenue plus tard célèbre en tant qu’historienne.59 La jeune Normande resta à Constantinople, probablement dans une partie gardée du palais impérial ou dans un monastère.60 Bien que le mariage prévu n’ait pas eu lieu, les quatre années entre 1074 et 1078 ont peut-être été suffisantes pour produire un codex bilingue destiné à servir de cadeau de fiançailles. Cependant, ce qui précède peut également expliquer pourquoi le manuscrit bilingue est finalement resté sur le territoire grec : si le codex avait été préparé comme un cadeau à un invité occidental de premier plan, le manuscrit serait certainement conservé en Occident aujourd’hui, et non sur le Mont Athos.

Remerciement

Nos recherches sont soutenues par l’Office National de la Recherche, du Développement et de l’Innovation (NKFIH NN 124539 : « Textual Criticism in the Interpretation of Social Context: Byzantium and Beyond »).

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Paul Meyer a publié seulement quelques fragments du texte français, se limitant à 19 pages sur 270, celles qui avaient été partiellement photographiées par l’historien de l’art Pierre Sevastianoff (Meyer, P. : Fragments d’une ancienne traduction française de Barlaam et Joasaph faite sur le texte grec au commencement du treizième siècle. Bibliothèque de l’École des chartes 27/2 [1866] 313–334). L’article de Vladimir Agrigoroaei ne contient de même que la transcription de quelques fragments seulement, ceux qui ont été en partie transcrits également par Meyer (Agrigoroaei, V. : Rara avis : la traduction française médiévale du Barlaam et Ioasaph du Mont Athos. Medioevo Romanzo 38.1 [2014] 106–151).

2

Sur mes recherches concernant le manuscrit d’Iviron et l’ancienne traduction française écrite sur ses marges voir : Egedi-Kovács, E. : La traduction française de la version grecque dite d’Iviron de Barlaam et Joasaph. À propos de l’édition critique en cours. In Investigatio Fontium. Ed. L. Horváth. Budapest 2014, 83–94 ; Egedi-Kovács, E. : Quelques remarques sur la langue de la traduction française dite d’Iviron de Barlaam et Josaphat (ms. Athon. Iviron 463). In Byzanz und das Abendland IV. Ed. E. Juhász. Budapest 2016, 135–141 ; Egedi-Kovács, E. : A Barlám és Jozafát Athosz-hegyi ófrancia fordításának nyelvi jelenségei (cod. athon. Iviron No. 463). In Klasszikus Ókor, Bizánc, Humanizmus. A XII. Magyar Ókortudományi Konferencia előadásaiból. Ed. T. Mészáros. Budapest 2017, 159–162 ; Egedi-Kovács, E. : Un trésor inexploré entre Constantinople, le Mont Athos et le monde franc. Le manuscrit Athon. Iviron 463. In Investigatio Fontium II. Eds. L. Horváth – E. Juhász. Budapest 2017, 89–164 ; Egedi-Kovács, E. : A Barlám és Jozafát regény kétnyelvű változata. Az Iviron 463-as jelzetű (ógörög-ófrancia) kézirat. Antik Tanulmányok 62 (2018) 55–80 ; Egedi-Kovács, E. : Prolégomènes à l’édition critique de la version grecque du manuscrit d’Iviron de Barlaam et Joasaph (cod. athon. Iviron 463). Зборник радова Византолошког института [Zbornik radova Vizantološkog instituta] 55 (2018) 127–140 ; Egedi-Kovács, E. : Prolegomena az Iviron 463-as jelzetű kézirat görög szövegének kritikai kiadásához. Antik Tanulmányok 62 (2019) 85–95 ; Egedi-Kovács, E. : Interpretatio byzantino-gallica (Barlaam et Ioasaf, cod. athon. Iviron 463). Antik Tanulmányok 63 (2019) 249–260 ; Egedi-Kovács, E. : A Barlám-regény kódex-képei és címsorai (cod. athon. Iviron 463). Antik Tanulmányok 64 (2020) 203–226 ; Egedi-Kovács, E. : Translation mistakes? (Barlaam et Joasaf, cod. athon. Iviron 463). Зборник радова Византолошког института [Zbornik radova Vizantološkog instituta] 57 (2020) 103–115 ; Egedi-Kovács, E. : Az ivironi Barlám-kézirat megrendelőjének kérdéséhez (cod. athon. Iviron 463). Antik Tanulmányok 65 (2021) 65–75 ; Egedi-Kovács, E. : The codex-images and captions of the Barlaam-romance (cod. athon. Iviron 463 [Lambros 4583]). Зборник радова Византолошког института [Zbornik radova Vizantološkog instituta] 58 (2021) 117–147 ; Egedi-Kovács, E. : Aristeidés elveszett Apológiájának görög és ófrancia átirata az ivironi Barlám-kéziratban (cod. Athon. Iviron 463). Antik Tanulmányok 66 (2022/1) 113–125 ; Egedi-Kovács, E. : Nachor the False Witness: The Greek Metaphrase of Aristides’ Lost Apology in the Novel of Barlaam and Josaphat and Its Old French Version (Cod. Athon. Iviron 463). In Witnesses and Evidence: Information and Decision in Drama and Oratory – From Antiquity to Byzantium. Eds. Chr. Carey – M. Edwards – B. Griffith-Williams. Royal Holloway Centre for Oratory and Rhetoric (à paraître).

3

Lambros, S. P. : Catalogue of the Greek Manuscripts on Mount Athos II. Cambridge 1895–1900, 149 ; Kondakov, N. P. : Pamjatniki christianskago iskusstva na Afone. S.-Peterburg 1902, 292–294 ; Der Nersessian, S. : L’Illustration du Roman de Barlaam et Joasaph. Paris 1937, 24 ; Dölger, F. : Der griechische Barlaam-Roman. Ein Werk des Heiligen Johannes von Damaskos. Studia patristica et byzantina 1. Ettal 1953, 5 ; Weitzmann, K. : Aus den Bibliotheken des Athos. Hamburg 1963, 105–107 ; Lazarev, V. : Storia della pittura bizantina. Torino 19672, 282, 334, n. 47 ; The Treasures of Mount Athos, Illuminated Manuscripts. Eds. S. M. Pelekanides – P. C. Christou – C. Tsioumis – S. N. Kadas. Athens 19752, 308 ; Pérez-Martín, I. : Apuntes sobre la historia del texto bizantino de la Historia edificante de Barlaam y Josafat. Erytheia 17 (1996) 176–177.

4

D’Aiuto, F. : Su alcuni copisti di codici miniati mediobizantini. Byzantion 67 (1997) 5–59, passim.

5

D’Aiuto (n. 4) 27–29.

6

cod. Vat. gr. 394 ; cod. Dionys. 61.

7

Meyer (n. 1) 316–317.

8

La description de Meyer révèle que sur les quelques photographies qu’il a pu voir du codex grâce à l’historien de l’art Pierre Sevastianoff, l’écriture française n’était que partiellement visible, car Sevastianoff – qui avait principalement essayé de capturer les miniatures – avait recouvert d’un tissu transparent les bords du manuscrit lors de la photographie. Meyer ne pouvait donc pas connaître au fond les caractéristiques du texte en ancien français : ses particularités linguistiques et graphiques, ainsi que ses liens avec la version originale grecque. Lors de la datation du texte – en l’absence d’autres données – Meyer s’est certainement basé sur le fait historique qu’un grand nombre d’Occidentaux (y compris des Francs) étaient arrivés à Byzance lors de la 4e croisade et s’y étaient installés pour une plus longue période. Cependant, grâce à des recherches récentes, il est admis qu’avant même la 4e croisade des communautés latines existaient en grand nombre à Byzance, et que de nombreux événements diplomatiques pouvaient donner l’occasion à des commandes de traduction. Voir entre autres : Ciggaar, K. N. : Western Travellers to Constantinople. The West & Byzantium 962–1204. Leiden – New York – Köln 1996, 251, 261 ; Schreiner, P. : L’importance culturelle des colonies occidentales en territoire byzantin. In Coloniser au Moyen Âge. Eds. A. Ducellier – M. Balard. Paris 1995, 288–297.

9

Sonet, J. : Le roman de Barlaam et Josaphat. Recherches sur la tradition manuscrite latine et française. Louvain 1949, 165–168 ; Pérez-Martín (n. 3) 176–177 ; Translations médiévales. Cinq siècles de traductions en français au Moyen Âge (XIe–XVe siècles). Eds. Cl. Galderisi – V. Agrigoroaei. Étude et répertoire 3 vol. Turnhout, t. 2, 2011, 328 ; Agrigoroaei (n. 1) 106–151 ; Agrigoroaei, V. : Traduction et sotériologie. Nouvelles recherches au sujet du Barlaam français du Mont Athos. In Francofonie medievali: Lingue e letterature gallo-romanze fuori di Francia (sec. XII-XV). Eds. A. M. Babbi – Ch. Concina. Fiorini 2016, 229–249 ; Agrigoroaei, V. : La datation du ’Barlaam’ français du Mont Athos (à propos d’un article récent). Annales Universitatis Apulensis. Series Historica. Department of History, Archeology and Museology, University of Alba Iulia 20.1 (2016) 153–164.

10

Historia animae utilis de Barlaam et Ioasaph. Ed. R. Volk [Die Schriften des Johannes von Damaskos VI/1–2]. Berlin – New York 2006.

11

Outre les manuscrits recensés par Volk, j’ai également consulté le ms. 129/1301 (selon le numérotage de l’édition de Volk). Il s’agit des fragments du ms. vat. gr. 2087, f. 1r–199v et ceux du ms. vat. gr. 2115, f. 123r–146v, lesquels devaient faire partie du même codex. Ce manuscrit appartient également à la famille e (seul ce dernier – à part le codex d’Iviron et les ms. XYZ – parmi les manuscrits contenant une version abrégée du roman de Barlaam nous est parvenu).

12

Pour l’analyse complète, voir : Egedi-Kovács : Prolégomènes à l’édition critique (n. 2) 127–140, passim.

13

Egedi-Kovács : Un trésor inexploré (n. 2) 128 ; Egedi-Kovács : A Barlám és Jozafát regény (n. 2) 79.

14

Egedi-Kovács : La traduction française (n. 2) 91–92 ; Egedi-Kovács : A Barlám és Jozafát… 2016 (n. 2) passim ; Egedi-Kovács : A Barlám és Jozafát regény (n. 2) passim ; Egedi-Kovács : Un trésor inexploré (n. 2) 107–108, 110–115.

15

Egedi-Kovács : Quelques remarques (n. 2) 137–138 ; Egedi-Kovács : A Barlám és Jozafát… 2016 (n. 2) 156–158 ; Egedi-Kovács : Un trésor inexploré (n. 2) 107–108. Pour d’autres exemples d’« erreur de traduction » dans le texte français du manuscrit d’Iviron, voir : Egedi-Kovács : Interpretatio (n. 2) passim ; Egedi-Kovács : Translation mistakes? (n. 2) passim.

16

f. 15r : Ἀμέλει οὑτωσὶ τὰς προόδους ποιουμένου εἶδεν ἐν μιᾷ τῶν ἡμερῶν, κατὰ λήθην τῶν ὑπηρετῶν, ἄνδρας δύο, ὧν ὁ μὲν λελωβημένος ἦν, τυφλὸς δὲ ὁ ἕτερος. cf. Amelei avoit a num cil qui aloit [mot rayé] estoit devant les autres. Une fois avint qu’il virent deus [homes.] Li uns estoit m[esiaus] e li autres av[ogles.]

f. 112v : Ἀμέλει καὶ βασιλεὺς ἀγαθὸν πᾶσιν ὑπόδειγμα ἦν καὶ πολλοὺς ὑπὸ τὴν ὁμοίαν γνώμην ἀνέφλεγε καὶ ἐξῆπτε. cf. Li rois e Amelis estoient bons exemples eins en totes choses e mot s’esprenoient a lor maniere ar[d]ent.

f. 117v : Ἀμέλει μετὰ τοῦ υἱοῦ τοὺς τῶν εἰδώλων ναοὺς καὶ βωμοὺς πάντας περιστάντες μέχρις αὐτῶν κατηδάφουν τῶν θεμελίων, ἱερὰ δὲ τῷ θεῷ τεμένει ἀντῳκοδόμουν. cf. Li filz del roi e Amelis depeçoient trestos les tem[ples des ydres e les autels…]

17

f. 111r : Ἀμέλει οὕτως ἐν ὀλίγῳ χρόνῳ πᾶς ὁ ὑποτελὴς αὐτῷ λαός, πολίτης τε καὶ ἐγχώριος… cf. [Ame]lin en petit d[e tens e] tot le pople qu[i estoit] en sa ballie…

18

ἀμελέω-ῶ (‘négliger, être négligent, insouciant’) ; ἀμέλεια, ας (ἡ) (‘négligence, indifférence’) ; ἀμελῶς adv. (‘sans soin, avec négligence’).

19

f. 58v : ἀμελῶς (διατεθεὶς) cf. pereceusement (gardé) ; f. 63v : ἀμελῶς (διατεθεὶς) cf. pereceusement (gardé) ; ἀμέλειαν cf. li trespasement (‘omission’) ; ἠμέληκα cf. malement gardé ; f. 88v : ἀμελῶς cf. a nunchaloir ; (μή ποτε) ἀμελήσειεν cf. (unc n’avoit esté si) pereceus.

20

Egedi-Kovács : Interpretatio (n. 2) 251–253 ; Egedi-Kovács : Translation mistakes? (n. 2) 106–107.

21

Egedi-Kovács : La traduction française (n. 2) 85–86 ; Egedi-Kovács : Un trésor inexploré (n. 2) 116–120 ; Egedi-Kovács : A Barlám és Jozafát regény (n. 2) 65–71 ; Egedi-Kovács : A Barlám-regény… 2020 (n. 2) passim ; Egedi-Kovács : The codex-images (n. 2) passim.

22

Egedi-Kovács : Un trésor inexploré (n. 2) 152–156 ; Egedi-Kovács : Az ivironi Barlám-kézirat … (n. 2) 67–75.

23

Toumpouri, M. : L’illustration du Roman de Barlaam et Joasaph reconsidérée : Le cas du Hagion Oros, Monè Ibèron, 463. In : Barlaam und Josaphat. Neue Perspektiven auf ein europäisches Phänomen. Eds. M. Meyer – C. Cordoni. Berlin – München – Boston (2015) 389–416.

24

Voir de Wald, E. : The Comnenian Portraits in the Barberini Psalter. Hesperia: The Journal of the American School of Classical Studies at Athens 13.1 (1944) 78–86.

25

Toumpouri souligne elle aussi ce caractère spécifique du roman hagiographique. Voir Toumpouri (n. 23) 411–412.

26

Polemis, D. I. : The Doukai: A Contribution to Byzantine Prosopography. The Athlone Press 1968, 63. Polemis date l’œuvre de 1081/1088, Obolensky de 1085 (Obolensky, D. : Six Byzantine Portraits. Oxford 1988, 38).

27

Comme je l’ai souligné plus haut, les éléments linguistiques et dialectaux révélés dans le texte en ancien français suggèrent un lien normand d’Italie du Sud ou de Sicile.

28

Robert Guiscard eut plusieurs filles dont il arrangea les mariages par stratégie politique à peu près à la même époque. (Cowdrey, H. E. J. : The Age of Abbot Desiderius: Montecassino, the Papacy, and the Normans in the Eleventh and Early Twelfth Centuries. Oxford 1983, 132–133.) La situation de l’empire byzantin était si grave que ses dirigeants cherchaient désespérément des alliés et une aide militaire. Ainsi, malgré la conquête de Bari, ils firent des ouvertures de mariage aux Normands du sud de l’Italie. La proposition initiale de mariage normand-byzantin fut faite par l’empereur Romain IV à l’époque où les Normands assiégeaient Bari, qui se rendit en avril 1071. Romain proposa de marier l’un de ses fils avec l’une des filles de Guiscard, mais sa défaite à la bataille de Manzikert mit fin aux discussions. Un ou deux ans plus tard, Michel VII renouvela l’offre. Cette fois, l’époux devait être son frère cadet, qui n’était encore qu’un enfant. Robert Guiscard, cependant, refusa la proposition. (Loud, G. A. : The Age of Robert Guiscard: Southern Italy and the Northern Conquest. London – New York 2013, 211–212 ; Falkenhausen, V. von : Olympias, eine normannische Prinzessin in Konstantinopel. In : Bisanzio e l’Italia. Raccolta di studi in memoria di Agostino Pertusi. Milano 1982, 72.) Constantin Sathas était le premier à publier les deux lettres écrites vers 1072–1073 par Michel Psellos au nom de Michel VII Doukas, dans lesquelles l’empereur byzantin demande en mariage la fille de Robert Guiscard pour son frère, Constantin Doukas. Reste néanmoins la question de savoir si le mariage mentionné dans ces lettres a finalement été réalisé. Jean Skylitzès, Jean Zonaras et Anne Comnène rapportent en détail les fiançailles de la fille de Robert Guiscard, nommée Hélène et le fils de Michel Doukas, nommé (tout comme le frère de l’empereur) Constantin, alors qu’aucun historiographe byzantin ne mentionne le mariage du frère de l’empereur avec une princesse normande. Les récits des chroniqueurs normands sont encore plus confus. La raison pourrait être, d’une part, l’identité du nom « Constantin », et d’autre part, le titre de « co-empereur », peut-être difficilement interprétable pour les auteurs occidentaux. C’est probablement la raison pour laquelle certaines sources rapportent les fiançailles de la princesse normande avec l’empereur byzantin. Orderic Vital confirme que le gendre du souverain normand était le fils de l’empereur, Guillaume de Pouille nomme le frère de l’empereur comme le fiancé de la fille de Robert Guiscard. Guillaume de Jumièges et Philippe de Mouskes notent simplement que la fille aînée de Robert Guiscard a épousé l’empereur (derrière la désignation peut se deviner le rang de co-empereur ; on peut toutefois se demander si la mention faisait référence au frère de Michel VII ou à son fils du même nom, puisque tous deux portaient le titre de co-empereur). Seul Orderic Vital mentionne que deux filles de Robert Guiscard ont été envoyées à Constantinople pour se marier. Sur la base des sources mentionnées, Sathas conclut qu’en effet deux filles de Robert Guiscard auraient pu se retrouver à la cour impériale byzantine. La première (dont le nom n’a pas été conservé), avant que Michel VII ne monte sur le trône, était peut-être la fiancée du fils de l’empereur Romain IV Diogène, puis, après la chute de ce dernier, elle a épousé Constantin Doukas, le frère de Michel VII. Selon Sathas, les deux lettres publiées dans son étude pourraient faire référence à ce mariage. Voir Sathas, C. : Deux lettres inédites de l’empereur Michel Ducas Parapinace à Robert Guiscard, rédigées par Michel Psellus. Annuaire de l’association des études grecques 8 (1874) 201–203.

29

Bibicou, H. : Une page d’histoire diplomatique de Byzance au XIe siècle : Michel VII Doukas, Robert Guiscard et la pension des dignitaires. Byzantion 29–30 (1959–1960) 43–44 ; Loud (n. 28) 212. Pour les sources contemporaines sur l’alliance, voir : Cowdrey (n. 28) 133, n. 96. Pour le texte grec du chrysobulle impérial, voir : Bezobrazov, P. V. : Chrisovul imperatora Michaila VII Duki [A Chrysobull of Emperor Michael VII Doukas]. Vizantiiskii Vremennik 6 (1899) 140–143 (pour les corrections apportées par E. Kurtz, voir : Byzantinische Zeitschrift 9 [1900], 280), pour la traduction française du texte grec, voir : Bibicou 44–48.

30

Olympias était la fille de Robert Guiscard et de sa seconde épouse, Sykelgaite (/Sichelgaite) (Falkenhausen [n. 28] 68). Son nom, transcrit Olympias / ou Olimpias, est attesté dans deux sources (Bari Exultet roll ; Chronici Trojani fragmentum, voir Falkenhausen [n. 28] 57–58 ; Oldfield cite les Chronici Trojani fragmentum comme la seule source qui mentionne le nom d’Olympias. Oldfield, P. : The Troia Chronicle and Historiographical Production in Medieval Puglia [Papers of the British School at Rome]. Rome 2021, 16). Falkenhausen s’interroge sur le nom insolite d’Olympias en soulignant que bien qu’aucune des filles de Robert Guiscard ne porte de nom distinctement normand, le nom d’Olympias est le plus inhabituel. Selon elle, il est fort probable que le nom d’Olympias évoque la mère d’Alexandre le Grand, car de nombreuses références à Alexandre se trouvent dans les sources sud-italiennes de la conquête normande du sud de l’Italie. Olympias est peut-être née après les premières négociations pour une alliance de mariage avec les Byzantins en 1072, auquel cas son nom a peut-être été choisi pour indiquer son avenir impérial. Dans ce cas, son nom de naissance et son nom d’adoption (Hélène) sont des parallèles (Falkenhausen [n. 28] 68–72).

31

Sur la suite exacte des événements, voir Bibicou (n. 29) 53–54.

32

Bibicou (n. 29) 48–49 ; Falkenhausen (n. 28) 56–72 ; Ciggaar (n. 8) 283–284. Loud (n. 28) 212–213 ; Byzantium in the Time of Troubles: The Continuation of the Chronicle of John Skylitzes (1057–1079). Ed. E. McGeer. Brill 2020, 156–157.

33

Falkenhausen (n. 28) 59.

34

Voir Cowdrey (n. 28) 133, n. 96.

35

Loud (n. 28) 212.

36

Au moment de leurs fiançailles, Constantin était sans doute un nouveau-né, alors qu’Olympias était probablement une très jeune enfant (Cowdrey [n. 28] 133).

37

Robert Guiscard ne céda pas facilement à la demande de l’empereur byzantin, les plans de mariage précédents échouèrent l’un après l’autre (n. 28). Selon Aimé du Mont-Cassin, le souverain normand espérait de meilleures conditions (Loud [n. 28] 211). En effet, dans le contrat de mariage de 1074, l’empereur byzantin promit non seulement qu’Olympias vivrait dans le Grand Palais de Constantinople avec une cour magnifique, et serait traitée comme une impératrice consort, mais aussi que l’environnement proche du souverain normand serait comblé de privilèges et d’avantages financiers, ce qui montre clairement que Michel Doukas essaya par tous les moyens de gagner les faveurs du souverain normand (Bezobrazov [n. 27] 141–143 ; Bibicou [n. 29] 46–47 ; Loud [n. 28] 212).

38

Le phénomène ne semble pas être unique : à titre d’exemple, on peut citer le manuscrit vat. gr. 1851, qui était probablement un cadeau de fiançailles également destiné à une princesse occidentale envoyée toute petite à Byzance. Les avis divergent sur l’identité de la princesse (on a déjà argué en faveur d’Agnès de France, d’Anne de Hongrie, et de Marie-Keratsa de Bulgarie). Cependant Peter Schreiner, en se fondant sur des éléments philologiques et historiques, soutient de manière convaincante que le codex richement illustré était certainement destiné à Anne de Hongrie. Schreiner, P. : Anna von Frankreich (1180) oder Anna von Ungarn (1272)? Historische und prosopographische Anmerkungen zum illustrierten Brautgedicht im Vaticanus gr. 1851. In Byzanz und das Abendland VI. Studia Byzantino-Occidentalia. Ed. E. Juhász. Budapest 2019, 81–108, passim (avec une bibliographie détaillée).

39

Sur le phénomène de « décharges d’encre » voir Olivier, J.-M. : Décharges d’encre et étapes de la composition d’un manuscrit. In La paléographie grecque et byzantine. Centre National de la Recherche Scientique (1977) 61–81.

40

Sathas (n. 28) 203.

41

L’histoire provient très probablement d’un récit bouddhique écrit en sanskrit, et racontant la vie de Bodhisattva, qui finit, par l’intermédiaire de l’arabe et du géorgien, par parvenir sous une forme christianisée à Byzance où elle fut traduite en grec.

42

Dans le manuscrit BnF gr. 1128 manquent les pages sur lesquelles figurait le passage en question. Toumpouri (n. 23) 401, n. 51.

43

Toumpouri (n. 23) 402–404.

44

Der Nersessian, S. : L’illustration du Roman de Barlaam et Joasaph. Paris 1936, 109–110.

45

Toumpouri (n. 23) 406–407.

46

Toumpouri (n. 23) 414.

47

Toumpouri (n. 23) 410.

48

Toumpouri (n. 23) 404. Sur le costume officiel porté par les empereurs byzantins et par leur famille, voir Parani, M. G. : Reconstructing the Reality of Images: Byzantine Material Culture and Religious Iconography (11th–15th Centuries). Leiden–Boston 2003, 12–18, 30–31.

49

Toumpouri (n. 23) 410, n. 82.

50

Toumpouri (n. 23) 414.

51

Voir notamment la représentation du jeune couple impérial de l’Ivoire « Romain » (mentionné plus bas), celle de Michel VII Doukas et Marie sur le triptyque Khakhuli, ou celle de l’empereur Nicéphore III (à l’origine l’image représentait Michel VII, voir : Parani [n. 48] 317) et Marie d’Alanie dans le ms BnF Coislin 79 (folio 2 bis verso).

52

Parani (n. 48) 12.

53

L’identification du couple impérial est contestée. Des alternatives proposées seraient : Romain IV Diogène (1068–1071) et Eudocie Makrembolitissa (Parani [n. 48] 18, 314).

54

Selon Parani, le fait qu’Eudocie porte une chlamyde au lieu d’un loros porté par son conjoint devait signifier qu’elle était subordonnée en rang à l’impératrice principale, Hélène. Parani, M. G. : The Romanos Ivory and the New Tokali Kilise: Imperial Costume as a Tool for Dating Byzantine Art. Cahiers archéologiques. Fin de l’antiquité et moyen-âge 49 (2001) 20–22.

55

Je me limite à renvoyer à Tóth, E. : A magyar Szent Korona és a koronázási jelvények. Országház Könyvkiadó, Budapest (2018) 111–133 (avec bibliographie 202–205).

56

J’envisage de revenir sur cette dernière hypothèse concernant la couronne hongroise dans une prochaine étude qui comprendra une bibliographie complète.

57

Au cours de l’hiver 1080-1081, Robert Guiscard envoya un émissaire, pour demander réparation du préjudice causé à sa fille (voir Anne Comnène 1. 15. 2, cité par Cowdrey [n. 28] 143).

58

Falkenhausen (n. 28) 67 ; Loud (n. 28) 213.

59

Falkenhausen (n. 28) 67.

60

Malgré les quelques récits historiques d’auteurs occidentaux (qui ne semblent pas toujours fiables), on ne sait rien de certain du sort d’Hélène après mars 1078. Les sources byzantines ne la mentionnent plus après la chute de la dynastie Doukas et Anne Comnène elle-même, qui aurait dû mieux connaître le sort de la première fiancée de son fiancé, reste silencieuse, dans son Alexiade, sur le sort de son prédécesseur. Que ce soit par jalousie ou par désintérêt, elle évite toute référence au comportement de son père envers la fille de son adversaire normand. (Falkenhausen [n. 28] 67–68.)

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Acta Antiqua Academiae Scientiarum Hungaricae
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Acta Antiqua Academiae Scientiarum Hungaricae
Language English
French
(Latin)
German
Italian
Spanish
Size B5
Year of
Foundation
1951
Volumes
per Year
1
Issues
per Year
4
Founder Magyar Tudományos Akadémia   
Founder's
Address
H-1051 Budapest, Hungary, Széchenyi István tér 9.
Publisher Akadémiai Kiadó
Publisher's
Address
H-1117 Budapest, Hungary 1516 Budapest, PO Box 245.
Responsible
Publisher
Chief Executive Officer, Akadémiai Kiadó
ISSN 0044-5975 (Print)
ISSN 1588-2543 (Online)